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iHopeNews
9 mai 2012

Tiens si j’avais un carré d’As dans la main et que je me couchais

Ou bien le développement de l’innovation : une lacune structurelle française

La France est un pays d’inventeurs, de créateurs. Avoir des idées, je dirais même que l’on est bons à ça. Mais de là, à ce qu’elles se réalisent…

« Hop hop hop » que l’on me dit. L’Etat a mis en place des structures pour permettre la création et le développement de nouvelles entreprises, la France cartonne en termes de brevets… j’en passe et des meilleures

Alors oui, la France est aujourd’hui un des pays où il est relativement facile (5 procédures) et rapide (7 jours) de créer son entreprise. 100% d’accord, mais là encore, on est toujours au niveau de l’idée et la création de la structure, pas au niveau développement. Et là clairement, l’innovation (au sens création d’entreprise) en France doit se frayer un chemin dans un environnement difficile.

Les formations qui devraient pousser à l’innovation s’en éloignent

Il ya d’abord clairement un problème de mentalité en France et cela se voit de manière explicite dans les études. Un élève sortant de HEC ou de l’ENA aspire généralement à diriger un grand groupe (près de la moitié des patrons des 40 entreprises du CAC40 sont passés par une de ces 2 écoles, même si cette proportion en baisse depuis quelques années) alors qu’un étudiant américain de Stanford voudra voir son nom gravé sur un bâtiment de son campus après avoir créer son entreprise.

Alors il n’y a certainement pas que HEC, l’ENA ou centrale comme écoles, et il y a bien sûr, certaines d’exceptions (Pierre Kosciusko-Morizet, ancien d’HEC et créateur de PriceMinister), mais ces formations et leurs élèves comptent quand même dans le paysage économique français de manière importante qualitativement.

Mais même si ces formations devenaient davantage les chantres de l’innovation, le faible nombre de personnes qu’elles forment ne permettrait pas de contaminer l’ensemble de l’économie et de la société. Il y a quelques 6000 anciens élèves de l’ENA vivants aujourd’hui contre 160 000 pour Oxford. Game Over…

Cela ne constitue pas le meilleur terrain de développement pour une culture de création de startups. Mais ce pas uniquement là que la France pêche.

 J’ai oublié le chéquier, je repasserai demain…

En 2011, les entreprises de Capital Risque (Venture Capitals) ont investis 822 millions d’euros dans des startups, soit 21% de moins qu’en 2010. Alors on peut toujours clamer la faute de la crise et que donc cela est temporaire, conjoncturel. Seulement 64% de ces fonds ont été investis lors de secondes levées de fonds voire des levées encore plus tardives, autrement dit : on s’est fait squeezer parce que l’on n’a pas pris le risque d’aligner les pépettes les premiers. Ou alors, pire encore, on n’a pas été capable de voir avant les ricains ou tout autre investisseur étranger, les startups et autres bonnes idées qui naissent sous nos fenêtres. Dans les deux cas, ça la fout mal.

Encore une fois, les comparaisons avec l’international font mal : Les entreprises de Capital Risque ont investi l’année dernière environ 13 euros ($16) par entreprise et par habitant. A comparer avec $93 aux Etats-Unis et $110 en Israël… Game over

Cloner, c’est gagner

Il n’y a donc aucun soucis pour avoir des idées et au niveau de la création : c’est le développement qui pèche.

Cela ne veut pas dire que l’on est nul : on sait que c’est faisable !

Même sans avoir l’idée, c’est faisable. Le clonage est la preuve : Rocket Internet, société allemande, le plus gros incubateur de startups au monde : en gros, une couveuse pour bébés entreprises. Ils n’ont pas créé une seule idée, ils se « contentent » de cloner les entreprises qui cartonnent aux Etats-Unis et de les lancer en Europe et dans le monde : Zalando, copie de Zappos ; Pinspire, copie de Pinterest, Citydeal, copie de Groupon… Résultat, à la suite de cet élan, en quelques années, Berlin est devenue une des premières terres d’accueil pour de nombreuses startups européennes.

Ils n’ont pris que peu de risques vu que les modèles avaient déjà fait leurs preuves. Ils ont prêté attention à ce que ce passait aux Etats-Unis et près de chez eux, et ont aligné les sous.

C’est faisable et cela commence…mais cela prend du temps. Une des clefs c’est de connecter plus rapidement et profondément les créateurs avec les investisseurs mais aussi avec un large public (potentiel investisseurs): plus un projet est connu, plus il aura des chances de rencontrer un franc succès tôt. Les leviers techniques existent ou se dessinent (crowdfunding).

Nous en avons les moyens, Game is on !

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